Lise Stoufflet

Artiste Peintre - Paris

L’œuvre de Lise Stoufflet nous plonge dans un univers énigmatique et étrange aux frontières de la réalité et du surréalisme. Très narratives, ces peintures semblent tirer de quelques contes du siècle dernier ou du précédent. Sans début ni fin déterminés, ces histoires échappent à la pleine compréhension du spectateur. L’imaginaire est titillé.

D’un style précis, Lise Stoufflet dépeint des scènes troublantes desquelles se dégage une étrange atmosphère proche de cette Inquiétante Étrangeté caractéristique de certains tableaux surréalistes. L’artiste cherche à créer le questionnement et à intégrer le regardeur dans les histoires de ses tableaux afin de les prolonger et les terminer. L’histoire n’appartient plus à son créateur…

À travers ces ambiances singulières, ce sont des thématiques universelles qui sont abordées, telles que l’identité, la femme ou encore le rapport à l’autre. La symbolique des sujets renvoie aux préoccupations de Lise Stoufflet sur la société, l’actualité ou encore la vie.

louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-aenigma4
louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-DSCF7276
louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-aenigma3
louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-aenigma5

Dès le premier regard, on remarque qu’une atmosphère se dégage de tes toiles, une ambiance énigmatique et teintée d’angoisse. D’où vient-elle ?

C’est dur d’expliquer d’où ça vient. C’est intrinsèque aux situations qui m’intéressent. Le trouble de certaines situations m’intéresse car ça peut susciter l’imaginaire. J’ai un intérêt pour les situations qui déplacent la réalité vers quelque chose de surréaliste, d’étrange. Aussi, chaque tableau a son histoire que je tente de raconter en images. Mettre des mots dessus, c’est plus compliqué. C’est comme des contes sans chute, des fables suspendues… C’est là où je trouve un intérêt. J’aime bien lorsque la fin m’échappe… En fait, j’explique rarement mon travail pour laisser toute la place à l’imaginaire du spectateur. Le fait de créer le questionnement chez les autres est le but.

Quelle est ta source d’inspiration ?

Ça peut partir de tout, que ce soit mon quotidien, l’actualité, certains récits… Il y a des événements et des choses qui peuvent me donner des idées de mise en scène, de symbolique. Le surréalisme est également une source d’inspiration. J’ai vu, par exemple, des œuvres de Magritte lorsque j’étais assez jeune car ce sont des classiques. C’était dans les bouquins d’art qu’on avait chez nous. Après, je ne sais pas si la démarche est la même mais je me reconnais assez bien dans ce mouvement.

J’ai lu qu’avant d’entamer une carrière artistique, tu t’étais lancée dans des études scientifiques. Y a-t-il une influence entre les sciences et ton travail artistique ?

Beaucoup de personnes de ma famille se trouvent dans l’univers médical. Débattre sur les mitochondries lors d’un repas de famille, c’est un peu la norme… Le milieu scientifique m’intéresse. Ça m’a marqué. Ce qui est sûr, c’est que les sciences ont une influence par rapport à ma manière de voir le monde. En plus, le côté recherche scientifique est assez proche de la recherche artistique en ce qui concerne la créativité. Les scientifiques ressemblent aussi aux artistes.

Les idées d’univers parallèle, par exemple, il y a des clins d’œil dans certaines de mes toiles. Je fais actuellement une série de tableaux où les étoiles sont alignées. C’est un clin d’œil au projet Starlink. L’idée c’est que des satellites se déploient tout autour de la terre et que ça fasse une trame pour créer un quadrillage. C’est fou. Et Il y a beaucoup d’autres sujets scientifiques qui m’intéressent.

Tu as expressément réalisé des peintures pour le projet de l’Avenue du Roi. Comment as-tu abordé ce projet ?

L’environnement domestique est le point de départ mais il y a aussi des questions d’identité dans les toiles réalisées pour ce projet. Je voulais des œuvres en lien avec l’appartement et le lieu de vie. J’ai essayé de représenter un appartement assez classique. L’ambiance générale devait être proche de celle du lieu. Chaque tableau a son histoire particulière.

louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-aenigma7
louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-aenigma9

Découvrez ses oeuvres

Eye contact-LiseStoufflet-painting
louiseskadhauge-avenueduroi-LiseStoufflet-aenigma10
Lise Stoufflet

Que proposes-tu ?

J’ai recréé toute une histoire propre à moi qui prenne le lieu comme décor. Le tableau Dans le petit placard avec la main qui ouvre une porte par exemple. On ne sait pas pourquoi, ni ce qu’il y a derrière…

L’idée derrière Les Juges, le mur avec les masques, c’est d’être regardé et jugé par d’autres personnes. Peut-être des personnages qui ont habité sur place. Ça questionne aussi l’identité des personnes en général, toutes différentes les unes des autres mais qui en même temps se ressemblent. Il y a également une forme de mise en abime avec le spectateur qui regarde en retour les masques. J’ai fait une série de masques en volume qui feront échos au tableau. Je joue avec ces objets en les faisant sortir de la toile.

Les cigarettes de En fumée qui fument évoquent un fantôme, les apparitions un peu floues, les présences étranges. La scène des cigarettes c’est comme un couple qui aurait été là, et qui disparait petit à petit.

Il y a beaucoup de jeux de regard. Il y a Eye Contact avec la femme attablée dont les seins se transforment en pair d’yeux. Il y a l’idée de ce qu’être une femme, d’où se cache l’identité dans le féminin. L’idée du corps féminin m’a beaucoup préoccupé dernièrement ayant été enceinte. La machine du corps m’a beaucoup interpellée. Les seins deviennent la partie centrale du corps dans ce tableau.

Photographe : Louise Skadhauge

Texte : Thibaut Wauthion