TEINTES FAUVES

08.05 - 02.07

Dans un tableau fauviste, les couleurs sont vives, exacerbées, mais surtout employées de manière brute, telles quelles, sans être mélangées entre elles sur la palette. Cette façon de peindre est non conventionnelle pour l’époque… Le fauvisme, courant artistique du début du XXe siècle, trouvait dans la nature un sujet de prédilection, notamment les paysages du sud de la France. Ici justement le sud, et plus particulièrement Marseille, est le terrain et le terroir commun de ce trio d’artistes / studios de création invités. La nature n’est pas sujet, elle est intrinsèque à leur démarche et support d’intervention. La nature est matière, matériau, ressource, glanage, collecte, transformation. Elle est le support et le sens.

Comme tout fauviste qui se respecte, le sujet n’est pas la réalité, elle est un questionnement pour mieux s’en éloigner. Ces projections entre imageries et usages deviendront-elles également une réalité proche, une réalité commune dans un jeu de correspondances entre les démarches et les matériaux employés.

Prime l’idée de la touche, de la simplification des formes et d’une radicalité douce mais frontale.

Les teintes fauves habitent l’espace. Le tout rutilant. Ocre, rougeâtre, jaune, beige, brun, les nuances du substrat terrestre qui habillent et ornementent le paysage de la Sainte-Victoire, aux pentes de l’Estaque, en passant par les côtes du Frioul, gagnent des pièces pensées sur-mesure pour habiter le lieu d’art mi-intime, mi-public qu’est l’Avenue du Roi.

Le paysage naturel qui dessine la cité phocéenne, entre une urbanité très marquée et des enfilades de récifs argileux calcaires, sa diversité et son éclectisme, suscitent l’exaltation et le déploiement. L’horizon des possibles convoque un esprit fauve, les teintes fauves.


On se plaira à lire dans cette exaltation des couleurs d’un paysage mi-urbain et mi-sauvage, dans les matériaux employés et de leur déploiement dans l’espace, comme un mouvement néo-fauvisme qui gagnerait la cité et la scène artistique locale.

Finalement cette exaltation exacerbée nous invite, aux travers des différentes pièces présentées, à contempler un ailleurs né d’ici.

Photographe : Alexandra Colmenares

Texte & curation : Emmanuelle Roule