Studio BISKT

Studio de création - Bruxelles

Entre industrie et artisanat, la production du Studio BISKT explore les possibles à travers l’univers du design et de la céramique, disciplines respectivement maitrisées par les deux protagonistes de ce projet, Charlotte et Martin. Celui-ci s’ancre dans l’expérimentation incessante, la production du studio faisant des allers et retours entre art et design. L’intuition sert de leitmotiv dans un prototypage plus proche d’une démarche artistique qu’industrielle. L’inspiration se base davantage sur la poésie de la forme que la cohérence de l’usage. Cette sensibilité mène le Studio BISKT à produire des œuvres d’art qui seront ensuite déclinées en objets uniques de design. Ceux-ci évoluent, en effet, à chaque nouvelle réalisation.

Le style évoque néanmoins l’esthétique industrielle. La signalétique de rue, les équipements de ville et d’autres objets manufacturés du paysage urbain représentent une source intarissable d’inspiration. Produire un objet unique de design similaire à un produit industriel et selon une démarche artistique, c’est une des caractéristiques du Studio BISKT.

La technique utilisée par le duo représente une autre récurrence. Toute leur production est issue de l’extrusion de terre, processus emprunté à l’industrie qui représente le chainon entre les deux savoir-faire de Charlotte et Martin. Lorsque la céramique rencontre le design, lorsque l’art rencontre l’industrie…

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Comment a démarré votre collaboration ?

Ça a démarré par une histoire d’amour. On est aussi ensemble dans la vie. On s’est rencontré à l’école en 2011. Ensuite, Martin a fait des études de design industriel et Charlotte de céramique à La Cambre. Une fois formés, on a chacun fait notre expérience de notre côté. Puis en 2017, on a commencé le Studio Biscuit avec de la céramique assez classique. On n’a pas fait ça très longtemps car ça ne nous correspondait pas. On a donc réfléchi sur notre complémentarité et la façon de faire travailler un designer industriel avec une céramiste. On a démarré un travail avec la question sous-jacente : comment l’artisanat peut s’inspirer de l’industrie ?

Le Studio BISKT est donc né de cette réflexion ? Pourquoi ce nom ?

C’est à ce moment qu’on a renommé le nom du studio pour avoir un côté inattendu et mystérieux. Quelque chose qui prête à question et qui amène à la réflexion. Maintenant, le Studio BISKT a trois ans.

Et y a-t-il une caractéristique liée au Studio BISKT, une signature ?

On s’est focalisé sur une seule technique, l’extrusion de terre. C’est la même chose que les churros à la fête foraine. Une pâte céramique qu’on pousse à travers un profil de diverses formes (carrés, ronds, étoiles, U…). C’est un processus beaucoup utilisé en industrie. C’est une technique au centre de notre travail. L’idée c’est d’imiter ce que fait l’industrie avec néanmoins la trace d’une main.

Quels types de pièces faites-vous ?

La première pièce sortie, c’est un banc qui sera d’ailleurs présenté Avenue du Roi. L’idée, c’est de se demander d’où vient ce banc : d’une production industrielle ou de l’artisanat ? On produit aussi du mobilier, du carrelage, des sculptures… Tout est créé à partir de la même technique et tout tourne autour de la céramique. On démarre par une expérimentation plus artistique, plus expérimental. Ce sont des objets sculptures à partir desquels on peut imaginer un objet plus design, plus fonctionnel. Mais on n’a rien de figé ni de prévu à la base. On continue de faire évoluer nos objets aussi. On garde la production et on continue de la faire varier et de l’améliorer.

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Découvrez leurs objets

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Quel concept avez-vous adopté pour l’Avenue du Roi ?

Pour l’Avenue du roi, on fait clairement des pièces sur mesure. On aime bien s’inspirer du lieu. Ce qui nous a pas mal inspiré, c’est l’agencement du lieu : deux pièces qui se ressemblent beaucoup avec une cheminée, une porte, un arc avec une séparation… C’est vraiment intéressant de les voir en pièce miroir. On a travaillé nos réalisations comme des pièces qui se répondent l’une l’autre avec une sorte de symétrie.

Vous vous êtes inspirés du concept même de l’Avenue du Roi : faire dialoguer art et design ?

Oui, surtout que c’est aussi la base de notre travail. Dans la cuisine, on a des objets qu’on peut utiliser. Dans l’autre pièce, on déstructure les objets pour en faire presque des sculptures. Les formes qu’on génère sont souvent inspirées d’esthétique urbaine. Par exemple un poteau de signalisation qui a une certaine forme pour des raisons techniques et non esthétiques. On s’inspire des choses de la rue, des engrenages, des courroies, des briques,…

Quelles pièces allez-vous montrer à l’Avenue du Roi ?

On a fait une série de miroir qui reprend les formes des moulures en bois sur les murs. Il y a une similitude avec la coupure de ces moulures et notre technique. On a réalisé des pots de fleur pour une des pièces et pour l’autre, on aura des sculptures de vases. Chaque fois en double car ça se répond. Les vases et les pots de fleur, ce sont des espèces de forme de churros assemblés les uns dans les autres avec des élastiques qu’on fait nous-même. On compose notre vase comme si on composait un bouquet. Penser l’objet avant même de l’utiliser. Pour le pot de fleur, il est en forme de colonne grecque. Un pot de fleur rond avec des stries. Comme déchirés, car il reprend le processus de fabrication. Le vase-sculpture dans l’autre pièce, c’est un vase déstructuré, comme si déjà fané.

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Photographe : Louise Skadhauge

Texte : Thibaut Wauthion